Mathieu Petite

Mais au-delà de ces questions, qui sont certes importantes car il en va de la pérennité du projet sur ce site, il reste une question fondamentale qui nous pousse à refuser la dernière version de ce projet. Cette position, que nous avons toujours défendue de manière constante depuis maintenant 2 ans : le groupe des Vert.es a toujours considéré que la construction d’un bâtiment allait préjudicier au site et à ses qualités. Pour la détailler, j’aimerais vous inviter à dézoomer tant au niveau temporel que spatial.

  • Au niveau temporel, d’abord. Il faut rappeler le fondement du projet, rendu possible par le PLQ Surville, qui date de 2014. Et il faut convenir ici que c’est un héritage assez encombrant, tant l’emprise du bâtiment qui avait été dessinée était complètement démesurée. Il faut dire qu’au milieu des années 2000, lors de l’élaboration de ce PLQ, on entendait peu de réflexions sur les îlots de chaleur ou la pleine terre. La parcelle Aubert avait été considérée comme un vide qu’on pouvait remplir, une simple réserve à bâtir, au départ destinée à des dépôts du MAMCO. Or, elle n’est pas vide, il y a de la terre végétale, des êtres vivants, un mélange subtil de plusieurs entités paysagères, que sont le cordon boisé, la prairie en pente douce et les maisons. Certes, la dernière version prévoit un bâtiment plus modeste, mais qui implique tout de même un terrassement, une forte atteinte à la prairie et à l’équilibre des entités précitées. Notre groupe était d’ailleurs le seul à s’insurger contre le terrassement monstrueux et l’ampleur du bâtiment du projet présenté il y a 2 ans.
  • Au niveau spatial, ensuite. Certains affirment que le nouveau projet n’a qu’un impact minime sur le site. Mais sur les pentes vallonnées qui surplombent l’Aire (sous tuyau depuis Pont-Rouge), ces milieux, comme la prairie de la parcelle Aubert, deviennent rares. Plusieurs projets récents, comme celui d’un nouvel accès au Parc Navazza, mettent à mal ce type de prairie, qui sont entretenues de manière extensive, donc ce n’est pas une question de tout figer ou de ne rien toucher. Chaque projet trouve en soi une justification, mais mis bout à bout, ils entraînent irrémédiablement une perte, à l’heure où l’on parle d’effondrement de la biodiversité ou de rétention des eaux. Pour prendre un exemple, est-ce que l’on construirait un tel bâtiment aujourd’hui dans le Parc Bernasconi ? Certainement pas, et notamment parce que ce site est protégé dans un inventaire cantonal. La parcelle Aubert n’a pas cette chance…

Et pourtant, les qualités écologiques et paysagères du site avaient été mises en évidence depuis plusieurs années ; le bureau Viridis avait déjà pointé la fragmentation des milieux naturels qu’occasionnerait un nouveau bâtiment, ce qui nuirait à la circulation des espèces. Sans parler de l’impact sur la flore, dont la richesse dépend de cette pelouse mi-sèche, appelée Mésobromion.

Alors, certes, cet impact doit être mis en relation avec l’utilisation du sol proposée ; autrement dit, est-ce que le jeu en vaut la chandelle ? Pour notre groupe, la réponse est clairement non : le programme du musée et du restaurant, qui implique l’ajout du fameux bâtiment, nous semble peu en adéquation avec le développement du quartier de Surville (800 logements) et les besoins de leurs futurs habitants.

Il est temps de prendre en compte la préservation de notre patrimoine naturel et paysager, ainsi que les enjeux écologiques et climatiques qui sont au cœur de nos préoccupations. Il est de notre responsabilité d’agir de manière cohérente avec nos discours sur la protection de l’environnement.

En conclusion, nous nous opposons à ce projet et nous invitons l’ensemble des membres du Conseil à réfléchir à l’avenir de notre commune et à la préservation de notre cadre de vie. Nous avons l’opportunité de faire un choix en faveur d’une approche respectueuse de l’environnement et de la biodiversité. Ne manquons pas cette occasion.